Mais qui était celui que Bateson les invitait donc à modéliser ? Nul autre, en fait, que le grand Milton Erickson, le « Magicien de Phoenix », dont il avait fait la connaissance en 1943 pendant la première conférence Macy, et qui avait collaboré avec lui pendant ses recherches sur la schizophrénie à Palo Alto dans les années ‘50. Connaissant en détails les travaux d’Erickson, il avait identifié la structure commune entre les approches de Perls et de celui-ci qui, jusqu’alors, avait échappé à tout le monde, lui-même y compris. En effet, personne n’avait jusqu’alors étudié la communication thérapeutique à la lumière de la grammaire transformationnelle.
De prime abord, les communications de Perls et d’Erickson avec leurs clients respectifs n’auraient paru ne rien avoir en commun. Alors que le premier recherchait, en questionnant son client, à obtenir des précisions et des détails sensoriels sur son vécu et son expérience, et à le reconnecter efficacement à la structure profonde de son modèle du monde, le second parvenait à des résultats au moins aussi bons que le premier, mais en faisant exactement l’inverse! Loin de s’attentionner à rechercher des détails précis sur la problématique de son client, Milton Erickson utilisait un langage si flou, si vague et si ambigu qu’il envoyait celui-ci en transe. En le guidant dans la transe par son language indirect, Erickson donnait au client les moyens de se connecter aux ressources de son inconscient et d’en ressortir ‘transe-formé’ !
Or, ce que Bateson avait perçu, mais qu’il allait laisser Bandler et Grinder découvrir par eux-mêmes, c’est qu’Erickson employait les mêmes filtres transformationnels que Perls pour communiquer dans son langage hypnotique. C’est ce dont s’aperçurent rapidement le duo quand ils commencèrent à modéliser Erickson et qu’ils présentèrent dans leur 3ème livre Patterns of the Hypnotic Techniques of Milton H. Erickson.
Au lieu de poser des questions pour résoudre des excès d’omissions, de généralisations et de distorsion de son client, ce dernier émettait lui-même, et ce de manière structurée et systématique, de multiples enchaînements de distorsions, de généralisations et d’omissions, qui invitaient le client à trouver en lui les informations et les ressources dont il avait besoin de la manière qui lui convenaient le mieux.
On pourrait dire que le langage de Perls et celui d’Erickson sont comme le yin et le yang du langage thérapeutique (et du langage tout court), et que son efficacité réside dans le bon emploi de ces filtres. Sans l’apport crucial de la modélisation d’Erickson, la PNL serait restée unijambiste.
Qu’en resterait-il aujourd’hui si Bandler et Grinder n’avait pas écouté les conseils de Bateson? Existerait-elle encore ou ne serait-elle restée qu’une variété de la Gestalt ? Nul ne le sait mais, par contre, on sait pertinemment ce qu’il était advenu quelques décennies précédemment à une discipline remarquablement similaire dont nous avons déjà parlé, et à qui la PNL et la Neuro-Sémantique doivent beaucoup, mais qui ne découvrit jamais son yang.
Denis Bridoux
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